Catalogne

Lundi 14 octobre, le Tribunal suprême espagnol a lourdement condamné les leaders séparatistes catalans qui étaient en poste en octobre 2017, lors de la tentative d’indépendance. Le conflit entre le pouvoir central et la Catalogne a été ravivé dans la violence, avec des conséquences immédiates dans les urnes, lors des législatives du 10 novembre.

Une semaine de violences après la condamnation des responsables séparatistes

Le verdict rendu lundi 14 octobre par les magistrats du Tribunal suprême espagnol était très attendu, huit mois après l’ouverture du procès des neuf dirigeants catalans responsables de la tentative de sécession d’octobre 2017. Accusés de sédition et de malversation de fonds publics pour l’organisation du référendum d’autodétermination, jugé illégal par Madrid, ils ont été condamnés à des peines de neuf à treize ans de réclusion.

Oriol Junqueras, qui était à l’époque le vice-président du gouvernement de Catalogne, a écopé d’une peine de treize ans. Au total, cinq anciens ministres, l’ancienne présidente du Parlement de Catalogne et deux leaders séparatistes ont été condamnés. La haute autorité judiciaire espagnole a aussi relancé le mandat d’arrêt international contre Carles Puigdemont, ancien président du gouvernement déchu, en fuite depuis deux ans.

La publication du verdict a entraîné une semaine d’affrontements en Catalogne entre militants indépendantistes en colère et forces de police. Au 20 octobre, le bilan provisoire comptait près de 300 arrestations et autour de 600 blessés. La dernière décennie, marquée par de fortes crispations dans les relations entre Madrid et la Catalogne, n’avait jamais connu un tel pic de violences.

Catalogne

La progressive montée du courant indépendantiste en Catalogne

En 1979, un statut d’autonomie particulier a été accordé à la Catalogne, permettant d’élargir les compétences de son gouvernement régional. Un nouveau statut d’autonomie a été voté en 2006 par le Parlement de Catalogne, reconnaissant symboliquement la région comme une « nation ». Mais ce statut a été en partie retoqué en 2010, après la requête formulée auprès du Tribunal constitutionnel par le chef du gouvernement d’alors, Mariano Rajoy (Partido Popular).

Par la suite, sur fond de crise économique, le sentiment d’injustice catalan à l’égard du pouvoir central s’est renforcé. Champion national de l’exportation, moteur de l’économie du pays, la région supportait mal de donner plus à l’État qu’elle ne recevait en retour.

Après l’obtention d’une majorité par les partis séparatistes au Parlement de Catalogne, la voie vers l’indépendance a conduit à l’organisation du fameux référendum du 1er octobre 2017 dont les résultats ont été les suivants :

  • Taux de participation : 43 % ;
  • Bulletins en faveur de l’indépendance : 2 022 038 (90 %).

Quelle issue pour la crise en Catalogne ?

Cet automne, la crise en Catalogne a été ravivée dans la violence. Dans l’incertitude aussi, quant à son issue possible. Le socialiste Pedro Sánchez, chef du gouvernement espagnol, a refusé d’engager la discussion avec son homologue catalan Quim Torra. Il lui a reproché de ne pas avoir condamné les actes de violence des militants séparatistes radicalisés.

Ce dernier épisode de la crise catalane a eu des répercussions immédiates dans les urnes. Les résultats des élections législatives du 10 novembre ont ainsi enregistré une forte percée du parti d’extrême droite, Vox.

Eric Duvalet

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